- 31 jeunes bénéficient d’un encadrement individualisé. - SOS Villages d’Enfants appelle à une prise en charge de qualité.

À quelques kilomètres de Casablanca, plus précisément à Dar Bouazza, un espace convivial accueille les personnes à besoins spécifiques. «Le lieu de vie» de SOS Villages d’Enfants ouvre ses portes, depuis 2002, aux adolescents et jeunes adultes ayant grandi dans les différents foyers de l’association et qui ne peuvent pas suivre une scolarité normale et présentent des besoins spécifiques.

Cet espace répond aux besoins de personnes souvent marginalisées en leur offrant un accompagnement individualisé sécurisant et adapté à leur problématique leur permettant de se développer dans la dignité et la reconnaissance de la communauté environnante. Au sein du Lieu de vie de Dar Bouazza, le handicap n’est pas une limite, mais un défi pour réussir. Le centre offre à ces jeunes un enseignement adapté au moment où les centres étatiques ou privés ne peuvent pas les prendre en charge à temps plein. Selon l’association SOS Village d’Enfants, un enfant présentant un retard de développement nécessite une attention particulière et un engagement total que les mères SOS, quoique très attentionnées, ne peuvent offrir sans créer un déséquilibre au sein de toute la fratrie, souvent nombreuse.

Dans ce lieu «presque unique pour SOS Villages d’Enfants dans le monde», 31 jeunes sont aujourd’hui totalement pris en charge, tant sur le plan médical que psychique. Une équipe pluridisciplinaire, spécialement formée sur le handicap, entoure les bénéficiaires avec l’objectif de leur permettre de jouer un rôle positif au sein de la société. Chaque jeune est orienté par son éducateur personnel en fonction de sa capacité intellectuelle et physique. Les résidents de ce Lieu de vie peuvent choisir entre la formation professionnelle en unité de ferronnerie, de menuiserie ou de ferme agricole, sous l’encadrement de professionnels engagés, et les ateliers éducatifs en arts plastiques et musique gérés par deux animateurs dévoués : Youssef et Abdallah. Grâce à l’encadrement des adultes et au climat de confiance développé au sein dudit espace, les enfants qui avaient au début du mal à s’intégrer sont aujourd’hui de jeunes citoyens créatifs et indépendants, capables de libérer leurs tensions et de repousser leurs limites physiques. Certains d’entre eux ont créé un orchestre de percussions et se construisent un répertoire. D’autres rêvent de devenir des artistes plasticiens. C’est le cas de Zouhair et Samir. Le premier «s’est découvert de véritables talents de directeur d’orchestre», alors que le deuxième, un jeune autiste âgé de 23 ans, fait des dessins «époustouflants». «Dirigé par Najat Berhil, qui a commencé comme éducatrice de certains jeunes, le Lieu de vie de Dar Bouazza a su tout d’abord créer pour ses pensionnaires un cadre sécurisant et un climat paisible, conditions nécessaires pour envisager un travail avec ces jeunes aux pathologies parfois très lourdes». Ici, on leur apprend à respecter et à comprendre les consignes, mais aussi à se concentrer, à respecter et à écouter les autres.

Cet espace, accueille aussi depuis 2011, dans le cadre de l’INDH et grâce au soutien de la Préfecture de Nouasseur via la Division des Affaires Sociales, des jeunes adultes en difficulté vivant dans les environs immédiats du Lieu de vie. Ces personnes sont accueillies en journée pour suivre des formations et participer à des activités de développement personnel.

Au cours du mois de mai, le Lieu de vie a contribué au regroupement des associations œuvrant dans le domaine du handicap en réseau en partageant son expérience et ses méthodes de travail avec les jeunes.

Toutefois, selon l’association SOS Villages d’Enfants, le chemin à s’occuper des pour une prise en charge de qualité du handicap au Maroc reste long et les structures sont encore trop peu nombreuses à s’occuper des enfants et jeunes handicapés.

«Alors que leur nombre ne cesse de grandir et que cette problématique touche toutes les couches de la société, le handicap reste relativement tabou et le manque de structures d’accueil et de formation d’éducateurs spécialisés ne permet pas une prise en charge de qualité d’un trop grand nombre d’enfants et de jeunes à besoins spécifiques», indique-t-elle.

SOS Villages d’Enfants lance un appel à la mobilisation pour les enfants et les jeunes handicapés au Maroc pour qu’eux aussi puissent grandir et s’épanouir dans la dignité.

Cette année, le Lieu de vie de Dar Bouazza fête ses 10 ans d’existence. À cette occasion, il présentera les preuves de sa réussite. Afin de célébrer son succès et mettre en avant le travail fait avec les jeunes, une kermesse de deux jours aura lieu dans cet espace les 26 et 27 mai. Durant cette fête, les partenaires (privés et étatiques) de l’association pourront apprécier les compétences et les talents des pensionnaires qui chaque jour repoussent les limites de leur handicap et relèvent des défis personnels.

-* Deux jeunes du Lieu de vie ont été embauchés par des sociétés de ferronnerie et de menuiserie.

-* Deux jeunes sont autonomes et travaillent dans une société à Salé.

-* Un jeune a remporté la médaille d’or et 2 médailles de bronze aux jeux régionaux de Special Olympics en natation.

-* Une jeune fille s’est mariée.

Nadia Ouiddar, Le Matin (http://www.lematin.ma/journal/Jeunes-a-besoins-specifiques_Lieu-de-vie-de-Dar-Bouazza--un-exemple-d-integration/166835.html)