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Actualités à Fès-Médina

Le projet des potiers- zelligeurs piétine

Vendredi 18 avril 2014

Le projet des potiers- zelligeurs piétine

Dotée d'un savoir-faire ancestral, la poterie de Fès, d'origine très ancienne, se démarque par sa finesse et par la dominance du bleu cobalt, couleur de la ville, et des motifs qui allient le vert et le jaune or. Quant à l'art du zellige, il est également l'un des secteurs traditionnels les plus caractéristiques et emblématiques de Fès, dont le principal atout est l'expertise des Maures d'Andalousie qui se sont installés dans la cité.

Pour donner un coup de pouce à ces métiers traditionnels, qui affichent des similitudes en termes de confection et de cuisson, plusieurs initiatives ont été lancées ces dernières années dans la ville de Fès. Il s'agit notamment du projet de création du village artisanal Benjellik, qui a été initié en 2004 dans l'optique de regrouper tous les artisans potiers-zelligeurs de la ville sur un terrain de 27 hectares. L'objectif étant de mettre fin aux activités polluantes qui constituent un réel danger pour la vie de la population locale, d'améliorer les conditions de travail des artisans, ainsi que la qualité de leur production et d'augmenter leurs revenus. Sur les 197 unités de poterie et de zellige que compte le village, 131 sont opérationnelles, à ce jour, faisant employer chacune entre 5 et 10 artisans.Malgré le transfert de la majeure partie des artisans potiers-zelligeurs de Fès au quartier de Benjellik, le chemin pour la réussite du projet est semé d'embûches, comme l'affirme Naji Fekharri, président de la Chambre d'artisanat de Fès-Boulemane. «Le village artisanal de Benjellik souffre de plusieurs dysfonctionnements, en matière notamment d'équipements, de voiries ou encore d'accès des artisans à leurs unités de production. En effet, outre, l'absence de transport collectif pour les artisans, la route qui mène au quartier Benjellik se trouve dans un état très dégradé», explique-t-il.Par ailleurs, les artisans installés à Benjellik utilisent toujours les fours traditionnels dans le processus de fabrication de leurs produits, vu que l'opération de la modernisation des outils de production par l'introduction des fours à gaz dans le processus de fabrication n'a pas abouti.S'inscrivant dans le cadre de l'«Appui à la production» du projet «Artisanat et Médina de Fès», financé par le Millennium Challenge Corporation (MCC), cette initiative prévoyait la généralisation de l'utilisation des fours à gaz, en accompagnant les artisans dans leur démarche de remplacement des fours traditionnels réputés «polluants», à travers un financement à hauteur de 80% (40% de la MCC et 40% du Fonds national pour la protection de l'environnement - FNE). Malgré leur apport positif en termes de préservation d'environnement, les fours à gaz proposés aux artisans dans le cadre de cette action n'ont pas susciter de succès, parce qu'ils n'ont pas pu emporter l'adhésion des artisans. Ces derniers étaient, en effet, critiques vis-à-vis de leur qualité de cuisson, notamment pour le zellige, en comparaison avec les fours traditionnels», précise-t-il. Pour remédier à cette situation, le président de la Chambre d'artisanat de Fès-Boulemane indique qu'un nouveau projet portant sur l'introduction des fours modernes utilisant le gaz comme combustible, dans les activités de poterie et de zellige dans la ville de Fès, est en phase d'étude. Fruit d'un partenariat entre le ministère de l'Artisanat, le ministère de l'Environnement et le Conseil de la région de Fès-Boulemane, ce projet devrait permettre aux artisans potiers-zelligeurs d'acquérir des fours à gaz qui répondraient à leurs attentes et à leurs exigences en matière de qualité de cuisson et de couleur. D'autres contraintes pour le secteurLa mise à niveau des activités de poterie et de zellige dans la ville de Fès se heurte à plusieurs autres contraintes, notamment la rareté de la matière première de qualité et l'incompatibilité du cadre du travail avec les normes d'hygiène et de sécurité. «En 2010, la carrière que nous avions l'habitude d'exploiter, et qui relève du ministère des Habous et des affaires islamiques, a été fermée suite à un incident. Cette carrière mettait à notre disposition une argile d'une excellente qualité, contrairement à celle que nous utilisons aujourd'hui. En outre, les artisans potiers-zelligeurs se trouvent chaque jour en contact direct avec des substances chimiques toxiques, notamment le plomb, qui représente une véritable menace pour leur santé. Dans ce sens, nous sommes actuellement en train de chercher des solutions alternatives à l'usage du plomb pour réduire les risques pour la santé des potiers-zelligeurs.

Source :

Afaf Razouki, Le Matin (http://www.lematin.ma/journal/2014/village-artisanal-de-benjellik_le-projet-des-potiers--zelligeurs-pietine/200643.html)

Le Matin
Le Matin (anciennement nommé Le Matin du Sahara et du Maghreb) est un quotidien marocain publié en français, présentant des actualités nationales et internationales ainsi que des informations pratiques. C'est le journal officieux du palais royal marocain.

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