Connectez-vous via votre réseau social préféré en cliquant sur l'un des boutons ci-dessous.
 

Se connecter avec Facebook

Se connecter avec Google

Connectez-vous grâce à votre adresse mail et votre mot de passe.
Connectez-vous via votre réseau social préféré en cliquant sur l'un des boutons ci-dessous.
 

Se connecter avec Facebook

Se connecter avec Google

Vous n'êtes pas inscrit ? Inscrivez-vous

Actualités à Bni Leit

Des volontaires au service de la population rurale

Mercredi 01 juillet 2009

Des volontaires au service de la population rurale

Il est des populations qui, à l’exception des périodes électorales politiciennes, sont laissées à l’abandon... C’est le cas des habitants de la Commune rurale de Bni Leit où une équipe de bénévoles a décidé de s’y rendre, le 21 juin dernier, pour mener une campagne médicale… Cette campagne a été organisée par l’Association des enseignants des sciences de la vie et de la Terre (AESVT) de Tétouan, en collaboration avec d’autres partenaires, au profit de la population rurale marginalisée de Douar Tayenza de Bni Leit.

Les chiffres concernant cette Commune parlent d’eux-mêmes. Sur les 784 ménages de la Commune de Bni Leit (qui s’étend sur une superficie de 111 km?), 32.,5% vivent sous le seuil de pauvreté. Le taux de la population inactive est de 56.1%. Il s’agit de l’une des communes les plus pauvres du pays où le taux d’analphabétisme reste important (69%). Seuls 0,8% des habitants de cette Commune ont un niveau d’études supérieures. Il s’agit, d’une population marginalisée à plus d’un titre. Il est à noter qu’avant l’ouverture de la nouvelle route régionale reliant Souk Larbâa de Béni Hassan et le sanctuaire de Moulay Abdeslam, la quasi-totalité de la population était éloignée à plus de 10 km de la première route goudronnée à la ronde. Ces habitants vivent essentiellement d’une agriculture de subsistance envahie par le cannabis et d’un élevage improductif dominé de caprins.

Face à cette situation des plus désastreuses, ces volontaires associatifs ne sont pas restés indifférents et ont préféré répondre par l’action. « Le choix du Douar Tayenza était motivé par le fait qu’il est le plus grand au sein de la Commune rurale mais également parce qu’il abrite le tiers de la population totale», souligne Lahcen Taiqui, coordinateur au sein de l’AESVT de Tétouan. Avant d’ajouter : « Paradoxalement, cette Commune rurale occupe un territoire particulièrement riche de par son patrimoine naturel. Elle s’étale sur le flanc nord de Jbel Bouhachem qui représente la partie la plus humide, la plus forestière et la plus diversifiée du « Parc naturel régional » de Bouhachem (…) ». Il est à noter que si ces habitants vivent dans une situation socio-économique des plus précaires, ils bénéficient en contre-partie d’une richesse naturelle sans pareille ; un capital naturel qui est susceptible d’engendrer des bénéfices socio-économiques innombrables pour les habitants, la Commune et l’ensemble de la région. C’est dans ce cadre que l’AESVT Tétouan agit, à travers le projet Dar Bouhachem « Développement de l’accueil Rural et écotouristique au Jbel Bouhachem », avec la population locale du Douar Tayenza. Ce projet soutenu par le PMF-FEM du PNUD (Nations Unies), l’Agence de développement social et la Commune rurale Bni Leit, a pour objectif le développement de l’écotourisme et les activités génératrices de revenus pour diminuer la pression humaine sur la biodiversité et les richesses naturelles de Jbel Bouhachem (www.bouhachem.ma).

L’idée d’agir sur cette Commune est donc née de la volonté de l’AESVT de Tétouan d’apporter une aide aux habitants de Douar Tayenza avec laquelle l’Association mène un travail extraordinaire dans le cadre des activités du projet Dar Bouhachem.

Dimanche 21 juin, à 7 heures, c’est à bord d’un bus que l’ensemble des volontaires ont pris la route vers la Commune rurale. « Un bus de la Faculté des sciences de Tétouan qui compte parmi les partenaires de cette campagne, a été mis à notre disposition pour mener à bien cette campagne (…) », tient à préciser Lahcen Taiqui, enseignant lui-même dans cet établissement. Cinq autres voitures chargées de médicaments ont suivi le bus. Il faut dire que les professionnels de la santé ont répondu à l’appel : l’Association Maroc Monaco pour la médecine, l’Association des médecins du secteur public à Tétouan, l’Amicale des médecins généralistes privés de Tétouan, l’Association des opticiens de Tétouan, l’Association marocaine de prévention bucco-dentaire de Tétouan, le Syndicat des pharmaciens de Tétouan et un groupe d’infirmières de la Clinique du Croissant Rouge de Tétouan. Ces principaux partenaires ont été épaulés par l’Association Tétouan Asmir, le Club des étudiants de Tétouan et l’Association Chekkara pour la conservation du patrimoine musical.

Après 48 km de route désastreuse « qui garde encore les séquelles de l’hiver pluvieux de cette année », les volontaires sont arrivés dans la Commune à 9 heures. Un petit déjeuner copieux composé de pain, miel, huile d’olive, œufs…les attendait chez la famille Bakkali. L’on sait d’ailleurs, combien les habitants sont généreux malgré le peu de moyens dont ils disposent. A 10 heures, tout le monde était sur le pied de guerre pour accueillir les habitants…. Une grande tente, mise à la disposition de la Commune rurale de Bni Leit, avait préalablement été montée, la veille, par le comité d’organisation constitué par les membres de l’AESVT Tétouan avec l’aide de la population locale. « Cette tente nous a servi pour l’accueil et l’orientation des malades vers les différents bureaux de consultation des spécialistes. Les médecins généralistes aidés par certains spécialistes (pneumologie-allergologie, cardiologie, traumatologie, médecine interne) et par l’équipe des infirmiers et infirmières, examinaient et prescrivaient les médicaments (…) » nous précise M. Taiqui. Tout était mis en place…

Restait à savoir les habitants allaient répondre à l’appel ! C’est ce que nous a confié Mme Meftaha Senhaji, membre de l’AESVT Tétouan et du comité organisateur : « Au début de la campagne, et surtout pendant les préparatifs sur place, j’ai remarqué que les gens n’y croyaient pas vraiment. J’ai eu l’impression qu’ils n’avaient jamais bénéficié de ce genre d’action. Ils n’ont pas tout de suite compris ce qu’était réellement une campagne médicale (…) Les gens gardaient leur distance et, au début, il y a eu très peu d’affluence. Quand les premières personnes ont été examinées et ont obtenu les médicaments prescrits, les autres ont commencé à se diriger progressivement vers la tente (…) » La campagne pouvait désormais commencer : les gens attendaient à l’ombre, près de la tente d’accueil. Ils ont été ensuite appelés un par un selon le numéro qui leur avait été remis préalablement. A l’intérieur de la tente, ils ont été accueillis à l’une des cinq tables de consultation par un médecin et une infirmière… Au besoin, les patients étaient orientés vers des médecins spécialistes installés dans 5 maisons différentes. «Deux de ces maisons ont été récemment aménagées et équipées en tant que gîtes chez l’habitant dans le cadre du projet Dar Bouhachem (…) », tient à préciser M. Taiqui, coordinateur du projet Dar Bouhachem… Gynécologie, pédiatrie, médecine générale, diabétologie, ophtalmologie, optique, ORL… Quasiment, toutes les spécialités étaient représentées… Ce qui semble important, c’est que les habitants sentent que les différentes actions qu’ils mènent avec le tissu associatif ont un sens et une utilité pour eux-mêmes… Après consultation, les malades ont été orientés vers la pharmacie, tenue par une pharmacienne, un infirmier et une infirmière, afin de recevoir les médicaments prescrits. Au total, 694 ordonnances ont été délivrées. Les malades ont afflué de tous les douars. Certains sont même venus des communes voisines !

Pratiquement au même moment, les enfants étaient accueillis dans deux ateliers mis en place par les bénévoles. Un atelier de peinture était encadré par l’artiste Bouzaid et son fils. Un autre atelier était dédié aux jeux et à la sensibilisation à l’environnement et à l’importance de l’hygiène. Une centaine de brosses à dents et tubes de dentifrice ont été distribués aux enfants participant à l’atelier. Un atelier de sensibilisation a également été organisé à l’adresse des personnes âgées encadrées par un médecin généraliste. De l’avis de tous, cette journée a été l’occasion d’un échange mutuel. Malgré la fatigue, les bénévoles étaient satisfaits de cette première et s’engageaient à continuer cette action. Selon Lahcen Taiqui, « des mesures d’accompagnement et de suivi pour des examens et des analyses médicales plus approfondies sont à l’ordre du jour (…) La plupart des bénévoles qui ont participé à cette campagne s’accordent à dire qu’un suivi était indispensable ; notamment par la mise en place d’une structure flexible et durable intégrant la Délégation de la santé et plusieurs autres partenaires afin que ces actions se multiplient au bénéfice des populations rurales de la province et de la région ». Il faut dire, comme le rappelle justement Mme Meftaha Senhaji, que « ces populations sont tellement démunies qu’elles ne peuvent se permettre de se rendre en ville pour consulter un médecin. Elles ne peuvent se payer les traitements prescrits (…) », avant d’ajouter : « En discutant avec les habitants, j’ai appris que le seul dispensaire de la région est continuellement fermé. En cas de soins médicaux urgents comme les injections intramusculaires, ils doivent se déplacer jusqu’au dispensaire d’Al Hamra, peu desservi par les transports et qui se situe à 15 km ! Ce genre d’action nous permet donc d’aller vers des personnes démunies pour leur faire bénéficier de ce que nous, en ville, disposons (…) »

Une fois la campagne terminée, les bénévoles, médecins, pharmaciens, opticiens, enseignants, artistes, ont repris le chemin du retour, fatigués, épuisés mais conscients d’avoir écouté l’Autre, donné du temps pour ces sans-voix qui gagneraient tant à être pris en compte par nos responsables fraîchement élus…

Source :

Amel NEJJAR, Libération (http://www.libe.ma/Commune-rurale-de-Bni-Leit-Des-volontaires-au-service-de-la-population-rurale_a3848.html)

Amel NEJJAR, Libération
Libération est un quotidien d'informations marocain dont le siège est situé à Casablanca. Il est le quotidien en langue française de l'Union socialiste des forces populaires. Son homologue arabophone est Al Ittihad al Ichtiraki. http://www.libe.ma/pages/Nous-contacter_ap1147920.html

Articles similaires/liés