À Salé, des familles tout entières se tournent vers des commerces occasionnels pendant le Ramadan. Des jeunes s'improvisent cuisiniers et saisissent le mois sacré pour proposer différents gâteaux prisés durant cette période. À Bab Lakhmiss, le commerce est juteux : chebbakia, briouates, meloui, pâte feuilletée, «Rezet el Qadi»… la liste des galettes est longue et les vendeurs profitent de cette diversité pour augmenter la recette.

Ali, vendeur de pâte feuilletée, trouve son compte dans ce métier occasionnel. Ce commerçant débutant qui prépare cet ingrédient indispensable pour les briques, se réjouit d'avoir gagné autant de clientes dans un laps de temps aussi court.En effet, une longue file d'attente, composée majoritairement de femmes, atteint la porte de la boutique voisine. Ahmed qui n'a appris ce métier que dernièrement estime qu'il s'agit d'une bonne occasion de gagner de l'argent. «Ramadan comme toute fête-symbole a ses propres besoins, et donc des métiers spécifiques pour combler la demande accrue en produits alimentaires. De nombreux jeunes comme moi saisissent cette occasion pour, au moins, se faire un argent de poche. Mais il n'y a pas que les jeunes qui profitent de ce mois. Des milliers de familles travaillent durement pour préparer leur commerce dédié spécialement à cette période avant le début même du mois sacré. Ce sont généralement des familles pauvres qui mobilisent tous leurs membres pour bien réussir ce petit business», nous confie Ahmed.En effet, il s'agit généralement d'un commerce bien organisé, où chacun tient une tâche précise. Ainsi, les femmes préparent les galettes, gâteaux marocains ou autres «chhiwates de Ramadan». Les hommes se chargent, quant à eux, de vendre la marchandise et de faire les comptes. «La réussite de ce commerce saisonnier dépend de la bonne organisation. Il faudra savoir que la demande augmente particulièrement l'après-midi. Par conséquent, les gâteaux doivent être préparés avant 10 h», indique Ibrahim, l'un des vendeurs de briques farcies à l'amende, qui expose sa marchandise sur une petite table à proximité de «Bab Labiba». L'organisation est donc le maître mot chez les commerçants saisonniers, mais aussi chez les gérants des différentes boutiques situées à l'ancienne médina de Rabat. Ces magasins qui abritent généralement d'autres activités au cours de l'année se transforment en ce mois sacré en véritables fourmilières. Des pâtisseries et des laiteries suspendent leurs activités «naturelles» pour se spécialiser dans la vente de «chebakia» et «sfouf», n'hésitant pas à recruter du personnel pour pouvoir assurer la demande accrue en ces produits ramadanesques. «Chaque famille cherche à bien garnir sa table selon son budget. Les gens n'aiment pas se priver de bons plats durant le Ramadan et vont jusqu'à s'endetter pour pouvoir satisfaire leurs envies», souligne Rabiaâ, une vendeuse dans une pâtisserie. En ce sens, les commandes battent leur plein dans cette pâtisserie. Mais, c'est entre la prière d'«Al-Âsr» et celle du «Maghreb» que le pic des demandes est atteint. Le marché foisonne alors de vendeurs ambulants, de femmes installées sur leur tabouret, en face de leur tablette à marchandise où n'importe quelle autre installation sommaire, pourvu qu'elle serve à exposer différentes recettes, appétissante en apparence et clémentes pour les bourses.

Yousra Amrani., Le Matin (http://www.lematin.ma/journal/2014/sale_ramadan-source-de-revenus-pour-de-nombreuses-familles/205462.html)